Exuvies Mylène Duc

Dans le cadre de la Biennale d’Aix la galerie a le plaisir d’accueillir pour cette rentrée l’artiste pluridisciplinaire Mylène Duc pour son exposition personnelle « Exuvies ». Le commissariat a été réalisé par Rindala El Khoury – Arts Vivants.
Par la peinture, le dessin, la poésie et le vêtement, Mylène Duc explore la nature et le sens de l’expérience sensible. Son imaginaire singulier se nourrit de mythes, de figures et de contes à quoi elle mêle les visions d’un onirisme autobiographique. La métamorphose est souvent le point de départ de sa rêverie qui confronte l’identité féminine à sa part d’obscurité et de sauvagerie.

Il y a la robe comme blason de l’âme. Tantôt maléfique, portant le poids du poison héréditaire, à la Nessus. Tantôt bénéfique, vêtement magique, capable de nous faire passer de l’autre côté du miroir. Il y a la mue. L’exuvie, c’est le saut dans l’inconnu, la renaissance, ce que je laisse derrière moi – après chaque image. La seconde peau, l’oeuvre comme cadavre.
Il y a les métamorphoses, qui m’ouvrent un passage, formes de connaissance par changement d’état. Il y a l’animal, un guide pour toucher les limites de la vie et de la mort. Il me permet aussi, lorsque j’en prends l’apparence, d’être invisible, de franchir la ligne sans être vue. Le chien, la louve sont les figures de la mort que je touche en peignant-écrivant.

BIOGRAPHIE
Mylène Duc (1984) dessine, peint, brode. Ses dessins et ses peintures à la gouache et à l’aquarelle célèbrent dans des couleurs liquides l’évanescence joyeuse et cruelle de l’enfance. Ses œuvres ont notamment été exposées au Musée Granet et à l’atelier Cezanne à Aix-en-Provence (A la recherche de madame Cezanne, cur. Arts Vivants), au Festival de dessin d’Arles, à la galerie A.M.Renan lors de la Saison du Dessin Paréidolie, ainsi que dans différents lieux tels que la galerie La Nave Va (Marseille), la galerie Phéno (Montpellier). Elle a par ailleurs longtemps collaboré avec Paul-Armand Gette. Elle publie dans différentes revues d’Esthétique et de poésie. Son dernier ouvrage La Voleuse de feu, est sorti en 2021 aux éditions Mimésis. Elle est docteur en Esthétique et enseigne à l’Université de Montpellier.

«  Quand je me demande pourquoi je dessine, je repense à un épisode de mon enfance. Un jour, mon grand-père a coupé une mèche dans ma chevelure pour en faire un pinceau. J’ai pleuré. Et pourquoi ? Parce qu’un bout de mon corps allait servir d’outil et que ce petit sacrifice scellait à mon insu mon entrée dans ce drôle de labeur qu’est le dessin. Depuis, impossible de retrouver ce fameux  pinceau. C’est après cet épisode que je me suis mise à dessiner, en confondant ma peau et le papier. 

Pour moi, dessiner est aussi étrange que rêver : quelque chose se déroule, je participe à la scène en même temps que j’y assiste de l’extérieur. Le temps du dessin est différent du temps ordinaire, quelque chose se passe, mais en-dehors de tout sentiment de durée. Dans le passage qu’il ouvre, les personnages et les paysages restent les mêmes car ils y ont une vie propre. 

Dessiner est archaïque. Faire surgir les figures au fur et à mesure sur le papier, c’est un peu comme pêcher en rivière. Souvent, je m’attaque à un poisson un peu trop gros : je l’ai au bout de la ligne, je le tire doucement, il joue avec moi, avec ma patience. Il se débat, nage à contresens. Précautionneusement, je le remonte sur la berge. Et j’hésite à le remettre à l’eau ou à le laisser là, se figer lentement sur le papier » .